CONSEIL CANADIEN DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL
Sauter les liens de navigation
Logo du CCDS Photo de deux jeunes femmes Photo d'une famille Photo d'Anna et son amie Photo d'Emily Photo de Grand-père et Adam
Recherche :

Données de base sur la pauvreté au Canada 2000 - autres documents

Faits saillants

19 juillet 2000

Données de base sur la pauvreté au Canada 2000

La pauvreté est une question sociale importante car elle affecte les perspectives de développement des enfants et des adultes. La façon dont une société répartit son revenu est un déterminant fondamental de la cohésion sociale. Les gens laissés en marge économiquement ont aussi tendance à être en marge socialement. Les nombreux effets néfastes de la pauvreté sur le développement des enfants et le bien-être des adultes sont bien documentés.

Mesurer la pauvreté

  • Les choix de seuils de pauvreté s'étalent de ceux qui ne fournissent assez que pour une subsistance physique essentielle (l'approche «absolue») à ceux qui permettent la pleine participation à la société (l'approche «relative»). Il y a plusieurs définitions utilisées de la pauvreté, mais aucune version officielle. Tous les seuils de pauvreté sont basés sur des facteurs subjectifs et leur utilisation dépend de leur crédibilité et de leur acceptation par le public.

  • Pendant plus de 30 ans, le seuil de pauvreté préféré au Canada a correspondu aux Seuils de faible revenu (SFR) de Statistique Canada. Ces seuils sont de loin les plus populaires auprès du public, des analystes et organismes traitant de la pauvreté et des questions de répartition du revenu. Les SFR ne sont pas à l'abri de critiques légitimes, mais les seuils qui s'y opposent ont davantage de défauts et moins d'acceptation. Les SFR ont aussi été approuvés à plusieurs reprises au cours des années dans des sondages d'opinion publique et une recherche empirique a montré que les conséquences les plus négatives du faible revenu commencent à se manifester lorsque le revenu familial s'approche des niveaux de revenu qui correspondent aux SFR.

La pauvreté est en hausse

  • La pauvreté dans les ménages a augmenté au Canada dans le dernier quart de siècle. Le taux de pauvreté des ménages, tel que mesuré par le SFR de Statistique Canada, était plus élevé en 1997 (22,4%) qu'il ne l'était en 1989, 1981 et 1973. Ce qui se traduit par une augmentation de 1,3 million de ménages pauvres depuis 1973.

  • Les revenus moyens des ménages, avant et après les transferts et les impôts, ne se sont pas remis de la récession du début des années 1990. Les revenus moyens des ménages en 1997 étaient inférieurs à ceux de 1981. De plus, la répartition du revenu est devenue plus polarisée entre les ménages à faible revenu et à revenu élevé. Les groupes de la classe moyenne ont aussi subi une diminution de leur portion du revenu du marché et du revenu disponible.

Le taux de pauvreté des personnes âgées a diminué

  • Même s'il y a encore trop de personnes âgées dans la pauvreté au Canada, leur taux de pauvreté a continué à baisser de 1981 à 1997. Le taux de pauvreté dans les ménages du troisième âge a baissé de 7,2 points de pourcentage de 1981 à 1989 et de 1,8 point de pourcentage de plus de 1989 à 1997. Par contre, le taux de pauvreté dans les ménages de la population active a augmenté de 6,3 points de pourcentage au cours de cette période.

  • Bien que les auteurs se réjouissent de la baisse du taux de pauvreté dans les ménages du troisième âge, il faut y mettre deux réserves :

    • Malgré les avances, le taux de pauvreté chez les personnes âgées vivant seules reste élevé, à 45 % en 1997. De plus, le taux de pauvreté dans les ménages du troisième âge a une inégalité prononcée selon les sexes. En 1997, 49,1% des femmes âgées vivant seules étaient dans la pauvreté, par rapport à 33,3% des hommes âgés.

    • Plusieurs ménages du troisième âge ne sont qu'à peine passés au-dessus du seuil de pauvreté au moyen d'une série de prestations fédérales aux personnes âgées. Il ne faut donc pas déduire des chiffres améliorés que les personnes âgées vivent très confortablement. En fait, une grande partie des non pauvres sont proches de la pauvreté.

Les jeunes familles sont plus susceptibles d'être pauvres

  • La pauvreté a augmenté énormément dans les jeunes familles. En 1981, une jeune famille (où l'adulte le plus âgé a moins de 25 ans) avait un risque de 21,7% d'être pauvre; à partir de 1997, ce risque avait plus que doublé, en passant à 46,1%. Les taux de pauvreté des jeunes familles du groupe d'âge suivant est plus élevé aussi : parmi celles de 25 à 34 ans, le taux de pauvreté est passé de 12% en 1981 à 18,9% en 1997.

La répartition régionale et provinciale de la pauvreté a changé

  • En 1981, 12,3% de toutes les familles pauvres au Canada vivaient dans les provinces de l'Atlantique, mais cette proportion a baissé à 8,8% en 1997. En Alberta et en Colombie-Britannique, pendant la même période, la proportion de toutes les familles pauvres a augmenté, pour passer de 14,8% à 20,9%. Une grande partie de ce changement s'est effectué dans les années 1980. Dans les années 1990, la proportion de familles pauvres s'est accrue le plus en Ontario : une augmentation de 7,2 points de pourcentage.

  • À l'exception de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, le taux de pauvreté des provinces était resté stable ou avait baissé de 1981 à 1989. Dans les années 1990, cependant, cette tendance s'est renversée et plusieurs provinces ont vu une augmentation de leur taux de pauvreté. En 1989, par exemple, l'Ontario avait le plus bas taux de pauvreté familiale, par une marge importante, à 8,2%. En 1997, le taux avait grimpé à 12,6%, une augmentation de plus de 50%.

La vulnérabilité des enfants et des mères seules a augmenté

  • La pauvreté affecte le plus lourdement les enfants, qui sont les membres les plus vulnérables de la société et les moins capables de se défendre. Le taux de pauvreté chez les enfants a augmenté de 14,9% en 1981 à 19,9% en 1997. En 1997, il y avait 1,4 million d'enfants pauvres au Canada. Bien que plus de la moitié (54,6%) de tous les enfants pauvres vivent en famille biparentale, on voit grandir la tendance à plus d'enfants en famille monoparentale. En 1981, 32,8% de tous les enfants pauvres vivaient en famille monoparentale; à partir de1997, ce chiffre était passé à 43,2%.

  • Les circonstances exceptionnelles des mères monoparentales doivent être soulignées. Dans ces familles, le taux de pauvreté était de 53,5% en 1981. Au cours de la décennie suivante, le taux de pauvreté a oscillé de 55% à 60%, reflétant les hauts et les bas du cycle économique. En 1997, il se situait à 56,0%, tandis que la proportion de tous les ménages pauvres composée de mères monoparentales avait augmenté à 28,4%, par rapport aux 22,5% de 1981.

Les groupes minoritaires ont des taux de pauvreté plus élevés

  • On constate certains des taux les plus élevés de pauvreté chez les Autochtones, les membres d'une minorité visible et les personnes handicapées. Selon le Recensement de 1996, 43,4% des Autochtones, 35,9% des minorités visibles et 30,8% des personnes handicapées étaient pauvres en 1995. Ces taux étaient considérablement plus élevés que la moyenne nationale.

Le marché n'a pas réussi à produire des revenus suffisants

  • Les taux croissants de pauvreté dans les ménages de la population active reflètent en grande partie l'échec du revenu sur le marché de fournir des salaires suffisants à tous les ménages canadiens. Le nombre de ménages de travailleurs pauvres, ceux où un salarié ou plus ont été employés pendant au moins 49 semaines par an, a augmenté nettement de 1981 à 1997.

  • En ne tenant compte que des revenus du marché, près de 1,6 million de familles de la population active au Canada auraient été pauvres en 1997, par rapport à 1,1 million de familles en tenant compte des transferts gouvernementaux. Le taux de pauvreté sur le marché a augmenté, de 14,7% en 1981 à 21,9% en 1997.

  • Des taux plus élevés de pauvreté sur le marché mettent en relief les résultats inférieurs des gains d'emploi. Les familles ont fait face en mettant plus de personnes sur le marché du travail. Parmi les ménages de la population active, le nombre de salariés différencie de plus en plus les ménages pauvres des ménages non pauvres. En 1997, parmi les ménages pauvres de deux adultes seulement 18,6% comprenaient deux salariés, par rapport à 67,0% des ménages non pauvres de deux adultes.

    Le revenu des conjointes continue à jouer un rôle décisif pour la subsistance des familles. En 1997, les femmes dans les familles non pauvres étaient près de cinq fois plus susceptibles d'avoir travaillé à temps plein toute l'année que les femmes de familles pauvres (47,2% par rapport à 9,9%). Mais ce n'est pas seulement l'emploi des femmes qui sépare les pauvres des non pauvres.

    De plus en plus, l'activité d'emploi des hommes différencie les couples pauvres des couples non pauvres. Parmi les couples pauvres, seulement 29,1% des hommes avaient un emploi à temps plein toute l'année, par rapport à 77,5% des hommes dans les couples non pauvres.

L'éducation est encore un élément clé pour échapper à la pauvreté

  • En même temps que le nombre de salariés, le niveau scolaire est un facteur important pour différencier les ménages pauvres des ménages non pauvres. Plus le niveau d'éducation est élevé, moins il y a de probabilité d'avoir un faible revenu. Cela se vérifiait autant en 1981 qu'aujourd'hui. En 1997, seulement 7,7% des familles comprenant un diplômé universitaire étaient pauvres, par rapport à 20,5% des familles dans lesquelles le plus haut niveau d'éducation des adultes n'allait pas plus haut que le secondaire 3. Il faut cependant remarquer qu'au cours des années, la proportion de pauvres qui ont des niveaux de scolarité plus élevés a augmenté : la part de familles pauvres où quelqu'un a un certificat, une licence ou un diplôme postsecondaire a plus que doublé, de 13,5% en 1981 à 32,6% en 1997.

Les pauvres s'enfoncent davantage au-dessous du SFR

  • La profondeur de la pauvreté - soit à combien au-dessous du seuil de pauvreté le revenu total d'une personne pauvre tombe - a augmenté considérablement. De 1981 à 1997, l'écart de pauvreté pour tous les ménages pauvres à presque doublé (86,4%). En ne tenant compte que du revenu du marché, l'écart de pauvreté sur le marché s'est accru de 96,0% dans la même période, représentant une augmentation de 27,3 milliards de dollars.

  • Les ménages de la population active, en particulier, ont subi les plus fortes difficultés économiques. Leur écart de pauvreté sur le marché s'est accru de 113% et leur écart total de pauvreté (revenu du marché et de transferts combinés) s'est accru de 106,1%. Les plus grandes hausses se sont déroulées dans la période de 1989 à 1997. Si les transferts gouvernementaux n'avaient pas augmenté de 1981 à 1997, l'écart de pauvreté aurait été beaucoup plus élevé.

La durée de la pauvreté varie selon divers groupes

  • Le pourcentage de personnes pauvres qui se retrouvent dans la pauvreté une année mais en échappent l'année suivante est variable. Pour en gros 60%, la pauvreté n'est qu'une situation temporaire, tandis que c'est un problème persistant pour les autres 40%. En moyenne, une personne pauvre passera environ cinq ans dans la pauvreté en comptant les périodes uniques ou à répétition, tandis que 5% resteront dans la pauvreté pour 10 ans ou plus.

  • Certains groupes sont plus vulnérables à de longues périodes de pauvreté. Parmi ceux-ci se trouvent les familles monoparentales, les personnes handicapées, les personnes appartenant à une minorité visible, les immigrants récents, les personnes avec un faible niveau scolaire et les personnes vivant seules. Le plus longtemps quelqu'un reste dans la pauvreté, le plus difficile il est d'y échapper.

Les transferts gouvernementaux ont une importance croissante

  • Les transferts gouvernementaux en sont arrivés à jouer un rôle de plus en plus important dans le soutien des ménages à faible revenu. L'échec du marché du travail à fournir des débouchés d'emploi et des salaires suffisants à un grand nombre de personnes a fait ressortir l'importance du système de sécurité du revenu au Canada. Les ménages des deux quintiles du bas - avec des revenus du marché inférieurs à 23 473 $ - n'ont reçu que 7,9% du revenu du marché mais 64,9% de tous les revenus de transferts en 1997.

  • Le recours aux transferts gouvernementaux a augmenté au fil des ans. En 1981, les transferts représentaient 38,2% du revenu total des ménages dans les plus bas quintiles de revenu; à partir de 1997, les transferts représentaient jusqu'à 90% du revenu total de ces ménages.

  • Les prestations de divers programmes de sécurité du revenu sont réparties différemment parmi différents groupes de la population. Le programme très ciblé de la Prestation fiscale pour enfants a versé 64,9% de ses prestations aux 40% des familles avec enfants au bas de l'échelle des revenus en 1997. Le régime de prestations pour les personnes âgées avait un effet de redistribution plus modeste : 46,6% des prestations de la SV/SRG/AC ont été versés aux 40% des ménages âgés au bas de l'échelle des revenus en 1997.

  • Les programmes d'assurance sociale à base de cotisation ont tendance à bénéficier aux ménages de la classe moyenne. Le Régime de pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec versent 31,2% des prestations aux 40% des personnes âgées les plus pauvres, ce qui reflète les antécédents d'inégalité des revenus des retraités. Le régime d'Assurance-emploi est le plus neutre dans son application sur la répartition des revenus des ménages de la population active; chaque quintile a touché une portion équivalente en gros des prestations du régime.

Les résultats de la lutte contre la pauvreté au Canada restent médiocres

  • Les taux de pauvreté au Canada sont élevés par rapport à ceux de plusieurs autres pays industrialisés, malgré une réduction du taux général de pauvreté au fil des ans. Le taux général de pauvreté au Canada - la proportion de la population vivant sur un revenu disponible égal à 50% ou moins du revenu médian - a baissé pour passer de 12,5% à la fin des années 1970 à 10,6% au milieu des années1990. En grande partie, la baisse du taux général de pauvreté est liée à l'amélioration de la situation économique des personnes du troisième âge.

  • Des taux élevés de pauvreté chez les enfants et la population active ont freiné la diminution des taux de pauvreté au Canada. Au milieu des années 1990, selon une mesure internationale standardisée, 13,9% des enfants vivaient dans la pauvreté au Canada. Les enfants aux États-Unis avaient beaucoup plus de probabilité de vivre dans la pauvreté (22,7%) que dans les autres pays industrialisés, tandis qu'en Suède les enfants y avaient le moins de probabilité (2,7%).

  • Parmi les ménages de la population active avec des enfants dans 12 pays industrialisés, le taux de pauvreté du Canada se place très haut dans plusieurs catégories. Par exemple : dans ces ménages, le taux de pauvreté au Canada arrive en seconde place pour les familles biparentales sans salarié; en troisième place pour les familles monoparentales; et en quatrième place pour les familles biparentales avec un ou deux salariés.

  • Les transferts de revenus et la politique fiscale ont des répercussions importantes sur le taux de pauvreté d'un pays. Dans tous les pays, le régime fiscal et les transferts réduisent le taux de pauvreté basé sur les seuls revenus du marché. Parmi les pays industrialisés, les soutiens du revenu pour les personnes âgées au Canada, ainsi qu'en Suède, aux Pays-Bas, en Norvège et en Italie - entraînent une réduction notoire de la pauvreté.

    Par contre le Canada, comme certains pays anglophones, offre en comparaison peu de soutien pour les enfants et les adultes de la population active, selon la mesure de réduction des taux de pauvreté. Des pays avec des taux élevés de pauvreté du marché, comme le Canada, ont tendance à avoir des taux plus bas de réduction de la pauvreté.

- 30 -

Données de base sur la pauvreté au Canada 2000 - autres documents


Le Conseil canadien de développement social
190, rue O'Connor, Suite 100 Ottawa, Ontario, Canada K2P 2R3
Tél : 613-236-8977; Fax : 613-236-2750; Courriel : conseil@ccsd.ca